Ce film d'animation qui s'inspire de l'histoire personnelle du réalisateur raconte, sur le mode d'une enquête, la recherche des souvenirs oubliés d'un soldat israélien ayant participé à la guerre du Liban, et peut-être aux massacres des camps de réfugiés palestiniens en 1982.
Dans le film alternent des scènes d'interview de personnages ayant réellement vécu les faits, et des scènes de souvenirs de cette guerre, le tout en images de synthèse. Il s'y intercale de façon fugace mais répétitive l'image onirique de trois jeunes hommes nus sortant de la mer, personnages fantomatiques entre soldats israéliens et prisonniers des camps de concentration nazis. Image qui a son importance car faisant partie de la mémoire historique et peut-être familiale du réalisateur.
Ce film donc est une interrogation sur les mécanismes de l'oubli et des retrouvailles avec les souvenirs oubliés.
Et puis à la toute fin du film, alors qu'il est question du massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila et de l'implication des différentes forces en présence, on passe brutalement des images de synthèse aux mêmes scènes tirées cette fois de films d'archives.

D'où vient ce saisissement dans le passage du virtuel aux images " réelles " des archives : car ces corps comme jetés, ces femmes qui hurlent, sont les images " banales " de la guerre, vues cent fois à la télévision ? D'où vient ce saisissement sinon du surgissement de ce qui n'est pas apparent dans l'image, et qui pourtant surgit dans la rupture même du passage de la représentation virtuelle à l'image de la réalité ? Image de la réalité rendue elle-même virtuelle par l'insistance médiatique à montrer.
Quelle est la nature de ce qui surgit, l'objet déchet ou jouissance de la néantisation c'est-à-dire là où disparaît la référence à " l'interdit porté sur la jouissance dirigée sur le corps propre, en ce point d'arête et de frontière où elle confine à la jouissance mortelle… Ce n'est que par là que se structure, qu'est rejoint dans le discours ce qui seul peut y apporter la loi : ce qu'il en est de la jouissance sexuelle." (D'un discours qui ne serait pas du semblant, leçon du 17 mars 1971, J. Lacan)
Dans une conférence à Chambéry le 8 février 2008, Jean-Paul Hiltenbrand disait que le phallus et la castration étant la même chose, le phallus n'opérant que frappé de la négativité, du signe moins, l'interdit est de jouir de cette négativité.
 
Il faut peut-être, comme dans ce film, un instant de rupture, l'effet de surprise, pour que se dévoile ce point de la structure subjective.