À propos du livre de Pierre Bourdieu : La domination masculine

Dans son livre, « La domination masculine » Pierre Bourdieu espère et en appelle aux mouvements gays et lesbiens pour subvertir l'ordre universel de  dominant  et de dominé  qu'il constate partout dans la société, ordre qui serait là à l'insu des sujets tant masculins que féminins et qui ordonnent leurs relations tant et si bien que les  dominés  eux-mêmes s'en réclament et en redemandent!

À propos du livre de Pierre Bourdieu : La domination masculine

Dans son livre, « La domination masculine » Pierre Bourdieu espère et en appelle aux mouvements gays et lesbiens pour subvertir l'ordre universel de  dominant  et de dominé  qu'il constate partout dans la société, ordre qui serait là à l'insu des sujets tant masculins que féminins et qui ordonnent leurs relations tant et si bien que les  dominés  eux-mêmes s'en réclament et en redemandent! D'une façon quasi obsessionnelle Pierre Bourdieu s'interroge, tout au long de son livre, sur comment créer un nouvel ordre relationnel entre citoyens qui ne serait pas inégalitaire avec ces positions critiquables tant dans le domaine sexuel que social et à tous les niveaux, ordre nouveau que nous pourrions qualifier de paritaire. Pourtant, Pierre Bourdieu, en bon analyste sociologue constate la mise en place de cette dissymétrie à de nombreux niveaux pour ne pas dire tous et en particulier dans les relations homme-femme. Il l'interprète dans un registre imaginaire sous la forme de couples antagonistes: supérieur-inférieur, fort-faible, haut-bas, plus-moins etc...Ainsi il rate la structure sous-jacente au phénomène et en fait une domination du principe mâle qui asservit le faible au profit du fort et qu'il faut désormais rééduquer pour rendre les relations égalitaires et harmonieuses pourrait-on ajouter. Freud comme Lacan pris à leur insu dans cette dichotomie, n'auraient pu ainsi en tirer profit pour leurs apports théoriques et leurs analyses. Cette structure que l'on peut qualifier pour lui d'imaginaire, il la retrouve à son grand dam dans les relations conjugales homosexuelles. Il se rend bien compte de la difficulté de les rendre offensives contre l'ordre imposé en brandissant un phallus imaginaire comme fer de lance de l'élan révolutionnaire rendant ainsi le principe mâle absolu,abolissant la différence sexuée et du même coup le féminin! Bien entendu,Pierre Bourdieu n'a pas lu Lacan, sinon il aurait compris que ce qu'il découvre sur le plan imaginaire est déterminé par une structure symbolique signifiante qui distribue des places différentes, d'homme et de femme, ce qui ne veut aucunement dire  supérieur ou inférieur, fort ou faible, sauf à être interprété comme il le fait sur un plan imaginaire. La parité, l'égalité à tout prix, n'est-ce pas ce signifiant qui court malgré lui tout au long de ce livre et qui pourrait devenir, ( tel le signifiant Bien que Jean-Paul Hiltenbrand relève dans son livre « Insatisfaction dans le lien social »à propos de la Terreur, Bien qui va échapper aux protagonistes Saint Just et Robespierre jusqu'à leur faire perdre la tête) malgré les bonnes intentions compassionnelles une arme à double tranchant.
Certes, il semble que le journal « le Monde » prenne parti pour le mariage homosexuel à travers différents articles (supplément du Samedi n° 71 du 25/06/05 par exemple). Il en aura sans doute pris toute la mesure mais on peut se demander si c'est un progrès social de transformer un lien symbolique en lien imaginaire? Par ailleurs, les sources statistiques de cet article ne nous sont pas données mais la question pour un analyste n'est pas là puisqu'on trouvera toujours à redire tant pour les uns que pour les autres ; une remarque cependant, l' évaluation dont parle l'article du monde à propos des enfants d'homosexuels ne pourrait se faire à notre avis que sur trois générations. Toujours est-il qu'un psychanalyste dans son travail avec ses analysants ne peut que privilégier le symbolique pour tenter comme le rappelle Lacan « de symboliser l'imaginaire du réel » tout en tenant compte, bien entendu, du point d'impossible du sujet.