Journées de Gap - 2 et octobre 2004

« …il est indispensable que dès le début, on traite ce qui concerne la sexualité comme les autres matières dignes d'être connues. C'est à l'école d'abord qu'il appartient de ne pas éluder la mention qui a trait au domaine sexuel ;… »

Ces propos ne sont pas issus de la dernière circulaire du ministère de l'éducation nationale, ils nous viennent de Freud et ils auront bientôt cent ans.
Je fais partie de la première génération de femmes qui a bénéficié d'une séance d'éducation sexuelle à l'école. Il y a donc aujourd'hui un grand nombre d'hommes et de femmes ayant eu cette éducation sexuelle. Des informations transmises lors de cette séance, il ne m'en reste aucun souvenir. Je me souviens d'un moment récréatif et jubilatoire dans un réfectoire où deux femmes courageuses et culottées, s'adressaient à un auditoire mixte dans un grand brouhaha. C'était à la fin des années 70, l'éducation sexuelle à l'époque était dans ses balbutiements.
Aussi, après la lecture des derniers programmes tenant compte de « toutes les dimensions de la sexualité humaine », c'est avec enthousiasme, au départ, que j'ai participé à cette mission à laquelle m'invitaient mes fonctions d'infirmière scolaire, avec l'idée que l'on pouvait faire beaucoup mieux.  Je me suis retrouvée ainsi à plusieurs reprises face à des adolescents pour des séances d'éducation à la sexualité.
Chemin faisant, mon enthousiasme s'est transformé en interrogations, puis en embarras, voire en angoisse quand il fallait chaque année organiser ces séances.
Cela fait deux ans que je ne participe plus à cette éducation .
Lacan disait « il n'y a pas de rapport sexuel » parce qu'il ne peut pas s'écrire et parce qu'il nous renvoie toujours au réel de l'incomplétude et du manque impossible à symboliser.
L'éducation sexuelle aujourd'hui ne cesse de s'écrire et les programmes ne cessent d'être de plus en plus complets. L'intérêt des adultes, autorités, médecins, éducateurs, parents, médias, ne cessent de grandir pour cette question.
A partir de ce constat et de mon expérience singulière, j'ai souhaité interroger l'objet de l'éducation sexuelle à travers son évolution et ses enjeux.
La lecture de cette éducation avec l'enseignement de la psychanalyse, soulève des questions et pourrait peut-être éclairer aussi la clinique des enfants qui n'apprennent pas.
J'ai choisi avant de vous présenter une lecture de  l'éducation sexuelle moderne  de repartir du texte de Freud qui fonde l'objet initial de l'éducation sexuelle à l'école.
Ce texte s'intitule « Les explications sexuelles données aux enfants », il est issu de « La vie sexuelle » écrit en 1907.

« Peut-on d'une façon générale, donner aux enfants des explications sur ce qui concerne la vie sexuelle ? A quel âge et de quelle manière cela peut-il être fait ? »

Dans une lettre ouverte, Freud va répondre à un confrère en vue d'une publication dans une revue de médecine sociale et d'hygiène. Ce confrère a eu connaissance des dernières découvertes sur la sexualité infantile à travers les « Trois essais sur la théorie sexuelle » que Freud vient de publier . « Bien avant la puberté, l'enfant est prêt pour l'amour, excepté pour la reproduction, et l'on peut dire que la « cachotterie » ne le prive que de la faculté de surmonter intellectuellement des exploits pour lesquels il est psychiquement prêt et somatiquement ajusté. »

Freud rappelle la curiosité précoce de l'enfant pour la différence des sexes et les énigmes de la vie, il cite le petit Hans : « maman as-tu un fait-pipi ? » puis celui-ci observant sa petite sœur : « mais son fait-pipi est encore petit. Quand elle grandira il deviendra plus grand. ».
L'enfant dans ses premières années va élaborer des théories sexuelles, évitant ainsi le danger que viendraient représenter pour lui la différence des sexes et la conséquence des pertes qu'elles impliquent et construire ainsi une structure imaginaire de sa recherche.
Le désir de savoir du sujet se développe ainsi à partir de la curiosité sexuelle et de l'opération symbolique de la castration du pénis et de la mère chez Freud et de la castration symbolique du phallus et de l'Autre chez Lacan.
C'est par cette opération de la castration, par le refoulement de ce signifiant manquant que viendra se constituer le lieu du Réel comme impossible pour le sujet. C'est la structure imaginaire de sa théorie sexuelle qui va permettre à l'enfant de soutenir sa curiosité au service des apprentissages et entretenir son désir de savoir. Jean Bergès a souligné comment les difficultés d'apprentissage scolaire pouvaient être liées à la difficulté pour l'enfant de renoncer à un savoir imaginaire qui le protège du réel de la perte.
Il semble à travers la réponse de Freud que des explications honnêtes de l'adulte sur la sexualité préviendraient la culpabilité et l'inhibition sexuelle de l'adulte.
En 1907 la sexualité est réprimée par la religion, et on n'en parle pas.

D'ailleurs pour répondre à cette question délicate, comment en parler et à quel âge, Freud, prudent, ne se prononce pas vraiment. Il évoque la manière maladroite dont la littérature traite la question et convient de la difficulté de la concession faite à l'éducateur. Toutefois il mentionne une exception : « la charmante lettre d'explications » qu'Emma Eckstein écrit à son fils de 10 ans …j'ai essayé de retrouver cette lettre qui aurait peut-être pu nous donner des pistes ( ?), mais malgré mes efforts, je ne l'ai pas retrouvée, elle ne semble pas avoir été l'objet de beaucoup d'attention.
Freud apportera toutefois quelques orientations, avec comme préalable que la matière doit être enseignée à l'école comme les autres. A partir de la reproduction animale, on éclairera l'enfant autour de sa dixième année sur les aspects spécifiquement humains de la sexualité à travers leurs significations sociales et les devoirs moraux liés à l'exercice de la pulsion sexuelle.
« Expliquer ainsi à l'enfant la vie sexuelle, en procédant étape par étape progressivement et de manière ininterrompue, l'initiative de cette instruction étant prise par l'école, c'est me semble-t-il la seule démarche qui tienne compte du développement de l'enfant et évite heureusement les dangers impliqués ».
Je vais vous lire le dernier paragraphe de cette lettre car il me semble qu'il éclaire l'éducation sexuelle contemporaine :

« Je tiens pour le progrès le plus significatif dans l'éducation de l'enfant le fait qu'en France l'Etat a introduit à la place du catéchisme un livre élémentaire qui donne à l'enfant les premiers renseignements sur sa position civique et sur les devoirs moraux qui lui incomberont un jour. Mais cet enseignement élémentaire est fâcheusement incomplet en ce qu'il ne cerne pas aussi le domaine de la vie sexuelle. C'est là une lacune que les éducateurs et les réformateurs devraient s'efforcer de combler ! dans les pays où l'éducation  est entièrement ou partiellement aux mains du clergé, on ne peut bien sûr prétendre à de telle exigences. L'ecclésiastique n'acceptera jamais la similitude d'essence de l'homme et de l'animal car il ne peut renoncer à l'immortalité de l'âme dont il a besoin pour fonder l'exigence morale. Ainsi voit-on une fois de plus, combien il est peu avisé de coudre une seule pièce de soie sur des guenilles, combien il est impossible d'accomplir une réforme isolée sans transformer les fondements du système entier.»


Ainsi, comme le souligne Freud notre état laïque a toujours était soucieux de l'éducation du citoyen.
Si le ciel est vide aujourd'hui et les valeurs traditionnelles lointaines, pour fonder l'exigence morale, il reste les valeurs républicaines : Liberté, Egalité, Fraternité.
La référence à l'égalité éludant la question de la différence homme/femme.
Nous allons voir comment à partir des revendications des femmes citoyennes et des questions de souffrances liées aux avortements illégaux les questions sexuelles ont pris une place légitime dans la cité.

Comment jouir sans risque d'enfant ?

« Un enfant si je veux, quand je veux ».
C'est dans un climat de révolution sexuelle que l'éducation sexuelle fait son entrée officielle à l'école dans les années 70. Après la loi Neuwirth sur la régulation des naissances, juste avant la création du ministère de la condition féminine et de la loi Weil qui dépénalise l'interruption volontaire de grossesse. Dans le mouvement féministe et avec les ressources humaines du planning familial des séances s'organisent dans les collèges en dehors de l'emploi du temps obligatoire.
L'éducation sexuelle est axée sur la contraception, la liberté et le plaisir. La pilule contraceptive devient le « passeport d'entrée » pour la vie amoureuse des jeunes filles.


Comment se protéger des maladies sexuellement transmissibles ?

« Il ne passera pas par moi »
C'est l'épidémie de SIDA dans les années 80 qui relance l'éducation sexuelle à l'école qui devient « l'éducation à la sexualité ». Les séances deviennent obligatoire en 1998 et sont désormais le plus souvent animées par un médecin ou une infirmière scolaire.
L'éducation sexuelle s'organise alors autour de la prévention des MST, et la promotion du préservatif.
Avec le SIDA, le risque majeur de la rencontre sexuelle se déplace de l'enfant à la mort et le préservatif devient le « passeport  obligatoire » pour « l'amour sans risque ».

Comment prévenir les comportements à risque ?

« Devant les bilans négatifs menés auprès des jeunes, les attentes de plus en plus précises à l'égard de l'école » et le SIDA qui reste un problème majeur de santé publique, les autorités décident de changer de stratégie.
Ce seront désormais les comportements à risque qu'il faudra prévenir. L'éducation à la sexualité va s'inscrire dans un projet global d'éducation à la santé, pour changer les attitudes de fond et contribuer ainsi à l'épanouissement personnel. Le programme s'étoffe :
Des objectifs spécifiques pour répondre aux objectifs généraux vont être précisément définis et déclinés sous forme de compétences à acquérir pour l'élève, je cite :
« Construire une image de soi positive, connaître les dimensions de la sexualité humaine, analyser la relation à l'autre, comprendre et respecter les comportements sexuels variés, développer l'esprit critique, adopter des attitudes de prévention , intégrer positivement des attitudes responsables. »
L'éducation à la sexualité devient alors éducation à la sexualité et à la vie  dans l'apprentissage des savoirs être et dans une logique de développement personnel.

Comment répondre à un acte manqué ?

En dépit de toutes ces informations, la pratique ne suit pas et donne lieu à des actes manqués.
En 2000, nouveau siècle, nouvelle ministre, les observatoires constatent que malgré les campagnes de prévention de nombreux adolescents n'utilisent toujours pas de contraception ou que leurs préservatifs craquent  lors de leurs premiers rapports sexuels.
La pilule du lendemain, contraception d'urgence, arrive dans les infirmeries des collèges et des lycées, accompagnée d'une mallette pédagogique tout en un « le bonheur d'aimer ».
Cette dimension d'actes manqués met en évidence comment la question de la responsabilité de la sexualité resurgit après-coup dans des démarches marquées par la facilité et l'accessibilité.

Comment protéger l'enfant des violences sexuelles ?

L'élision de la responsabilité de chacun à l'égard de la sexualité se trouve posée autrement par le souci d'informer les enfants du risque d'abus sexuel.
L'insistance de ces questions majorée par la médiatisation de certains faits-divers, amène une nouvelle circulaire en 2003.
Ses inquiétudes s'étendent à la protection de l'enfant confronté aux médias et à la pornographie, la lutte contre les préjugés sexuels et l'homophobie.
Pour répondre à tous ces dangers, les programmes prévoient trois séances d'information et d'éducation à la sexualité au minimum chaque année, de la maternelle au lycée.
A la lecture du dernier programme et des récents supports pédagogiques qui circulent il semble qu'un objectif central émerge : « apprendre à dire Non ».
Non à la violence, non à la pornographie, non aux stéréotypes sexuels, non à l'homophobie, non, non, non...
La priorité est accordée aujourd'hui à la protection du mineur et au respect de toutes les différences dans les limites fixées par les lois.
L'éducation à la sexualité doit commencer dès les premiers cycles de maternelle.
L'outil pédagogique  qui circule le plus dans le secteur primaire actuellement est une cassette vidéo pour la prévention des abus sexuels sur l'enfant.
On y voit des scènes fictives où des enfants sont de plus en plus menacés par leurs proches. Cette cassette est interactive, on l'interrompt après chaque nouvelle menace d'agression et on interpelle alors l'enfant : « qu'est-ce que tu aurais fait toi dans cette situation ? » avant chaque nouvelle mauvaise rencontre, une chanson où des enfants claironnent « mon corps c'est mon corps il est à moi… » fait office d'intermède et à la fin de la séance les enfants joyeux la chantonne avant de retourner en classe.

Dans la pratique comment se déroule une séance d'éducation à la sexualité obligatoire en classe de quatrième au collège ?

Les adolescents après avoir été informés par leur professeur principal de ladite séance, se présentent en rang et en silence le jour J.
Le binôme infirmière/prof (le binôme est obligatoire) se présente et énonce les règles du cadre : « nous ne parlerons pas de pratiques sexuelles, nous respecterons la confidentialité du groupe, nous ne parlerons pas de l'intime, nous respecterons l'opinion de chacun, nous répondrons aux questions générales ».
Un support aura été choisi pour animer la séance. Dans les formations d'éducation à la sexualité de multiples outils d'animation sont proposés. K7 vidéo, jeux de rôles, jeu de l'oie, phot langage, scénario à terminer, brainstorming…toutes les techniques de communications sont bonnes pour animer et susciter l'intérêt.
Il faut dire que si c'était l'excitation et le brouhaha dans les séances des années 70 quand les cours étaient magistraux, aujourd'hui c'est plutôt l'ennui et le silence qui domine dans ces séances interactives. Quand la mayonnaise prend, chacun y va de son opinion et le binôme satisfait, arbitre et reformule en rappelant les règles du groupe et les limites des lois quand des débordements ou dévoilements se produisent au dépourvu. Deux heures, c'est long… Heureusement parfois il y a la récréation au milieu qui soulage un peu les uns et les autres. Et puis c'est le moment de conclure, après la liste des adresses des centres de planification distribuée, c'est le temps de l'évaluation qualité.
Un questionnaire anonyme est rempli par l'élève avant sa sortie.
« est-ce que cette séance t'a intéressée ? », « as-tu appris quelque chose ? »
« souhaiterais-tu d'autres interventions ? » etc…
Les élèves peuvent enfin sortir et prendre une brochure au choix à leur disposition en partant.
Le chef d'établissement et les parents sont contents: les élèves de quatrième ont eu leur éducation à la sexualité.

Alors que dire de cette évolution ?

Les explications sexuelles de Freud s'adressaient à l'enfant, sujet de l'inconscient dans une optique de prévention des symptômes dans un social de répression sexuelle.
Freud insistait déjà sur la difficulté de cette éducation et proposait que l'éclairage des aspects humains de la sexualité ne s'exerce pas avant la dixième année de l'enfant. Y avait-il chez lui la volonté de respecter la période dite de latence de l'enfant ? Ce temps de refoulement des questions sexuelles est nécessaire pour que la curiosité sexuelle soit mise au service des apprentissages.
Certains remettent en question cette période de latence chez l'enfant aujourd'hui. On peut s'interroger sur l'effet de l'introduction des questions sexuelles à cette période où l'enfant est supposé les refouler temporairement. Si cette période de refoulement n'existe plus, comment pourrions-nous alors envisager la curiosité intellectuelle de l'enfant pour les apprentissages et la sublimation ? Et qu'elles pourraient en être les conséquences pour le sujet ?
L'éducation sexuelle éclaire ainsi le discours éducatif et nous renseigne sur l'évolution du sujet dans le discours social.
Les objets et les savoirs positivés qu'elle propose comme réponses, semblent ne plus s ‘adresser à un sujet divisé, mais plutôt à un usager, consommateur et objet de consommation, en l'informant de ses droits et de ses moyens de défense dans une économie de marché.
La logique du fantasme de notre social actuel serait de « répondre comme il faut » à tout ce qui pourrait faire obstacle à notre jouissance. Charles Melman a insisté sur cette formule au séminaire d'été de l'ALI pour nous dire que c'était un fantasme répandu et Jean Paul Hiltenbrand nous a rappelé cette année que cette logique était celle du symptôme.
Si répondre comme il faut  est le symptôme de notre social contemporain on entend mieux la place que l'idéal éducatif occupe aujourd'hui à l'école, cet idéal se situant plus du côté de la racine latine educare : prendre soin de, nourrir  que de la racine educere : conduire vers, faire sortir de . Cet idéal serait ainsi du côté de la suggestion maternelle c'est à dire du côté d'une jouissance Autre ou sans limite.
Rappelons que pour Freud, éduquer est l'une des trois activités impossibles.
Charles Melman dans son article « Qu'est-ce qu'éduquer un enfant » nous explique que cet impossible est de structure : parce que notre subjectivité s'appuie sur le lieu du Réel, ce lieu impossible à symboliser, devant toute réponse, tout concept, nous sommes pris dans un double mouvement de vénération et de rejet. La position de l'éducateur prend sa force dans la supposition qu'il y a dans l'Autre une voix qui va vous dire « ce qui est bon et ce qu'il faut faire », il y a quelqu'un qui sait. Charles Melman va plus loin, en nous disant que la figure de l'éducateur « qui sait le beau et le bon qui lui viendrait de l'Autre » est une position qui est réalisée dans la psychose avec les ravages que l'on sait.
Ainsi dans l'éducation à la sexualité ce qui est bon serait l'évitement de la mauvaise rencontre cause de souffrance et de ratages  et ce qu'il faut faire  l'apprentissage d'une  conduite  prudente, des lois et du bon usage de la contraception .
Cet idéal éducatif laisserait supposer que le Réel de structure pourrait s'écrire et que grâce à l'apprentissage de sa lecture on pourrait enfin l'éviter.
Si la suggestion de l'éducateur est opérante le réel est ainsi repoussé à plus tard, et l'écolier repart avec son cartable alourdi de son  passeport au pays de la prudence .
Cet idéal vient se fondre ainsi dans l'idéal contemporain de l'école qui est la réussite pour tous, l'égalité des sexes et des chances dans une école dite unique . Cette éducation participerait ainsi à la formation du futur citoyen zéro défaut.

Il semble qu'à travers ce discours, il manque une dimension structurante et nécessaire pour devenir un sujet désirant. On peut comprendre le désarroi et la violence ressentis par un enfant ou un adolescent supposé zéro défaut  quand le réel surgit pour lui dans une rencontre malheureuse ou dans une difficulté d'apprentissage.La récusation du Réel et donc de la souffrance et des ratages inhérents à la condition de l'être parlant, a pour conséquence de vivre un malentendu comme une agression de l'autre qu'il n'aurait pas su éviter. La formation alors d'un symptôme qu'il pourrait reprendre à son compte et commencer à interroger, lui est renvoyé comme un défaut à corriger, une incompétence à éradiquer ou un handicap sans équivoque à intégrer (je pense notamment à la dyslexie).
Si les troubles du comportement et de l'apprentissage sont en augmentation et pourraient être entendus comme des tentatives d'élaborations de symptômes, on peut se demander si leur traitement du côté de la rééducation et du soin ne va pas favoriser plus tard des acting-out ou des passages à l'acte comme tentatives désespérées d'une adresse à l'autre, ou la mise hors-jeu dans la dépression.

Je terminerai sur quelques questions qui pourraient nous donner des pistes de réflexion.
Avec ce que nous apprend la psychanalyse sur les ratages de la sexualité et les jeux de l'amour comment pourrions-nous penser une éducation sexuelle et sentimentale à l'école aujourd'hui ?Comment pourrions-nous transmettre à l'enfant l'assise d'une position sexuée, le courage de son désir, les lois de la parole, le jeu du semblant ?
Comment apprendre le temps de voir, le temps de comprendre, le moment de conclure ?
Pourrions-nous d'une manière générale donner des explications sexuelles aux enfants, de quelles manières et à quel âge ?