Argument - Quête d'identité, relation d'altérité

Quête d'identité et relation d'altérité 11 et 12 novembre 2006
Auditorium du Musée de Grenoble - 5 place Lavalette 

La reconnaissance que l'homme est toujours celui d'une culture revient à affirmer que l'identité est un don venu de l'Autre (cet Autre étant défini comme social, inconscient, de transcendance divine ou profane). Dès lors que signifie le surgissement contemporain de cette quête d'identité si insistante, observée aussi bien dans les cures que sur la place publique ? Quels en sont les effets et quel devenir de la relation d'altérité ?

L'autonomie individualiste située comme désaveu des inscriptions de la tradition ne peut être réduite à la seule dimension narcissique ni à la poursuite vaine d'un projet utopique. Si l'antériorité de la tradition fournissait une assise stable (consciente et inconsciente), observons que le sujet moderne, tendu vers un futur improbable (le progrès), forcément angoissant, à se vouloir auteur-autodidacte, reste toutefois le produit d'un social et donc d'une altérité. Car il ne saurait exister de reconnaissance de soi qui ne passe préalablement par celle de l'autre. Dans ces conditions, la question porte alors non seulement sur ce qu'il advient de la dynamique identitaire mais sur ce qui la cause. La concurrence entre courant individualiste et communautariste nécessite-t-elle une réelle distinction à ce niveau ?

De cette cause, deux axes de lectures s'offrent à nous : l'une où notre culture fondée sur la primauté de la science (essentiellement techno-économique) destituant le sujet dans sa fonction tout en l'aliénant à un déterminisme acéphale, serait tenue pour responsable de cette insurrection identitaire. L'autre où cette insurrection résulterait du constat d'échec du courant rationaliste qui avait porté nos sociétés démocratiques, renvoyant le sujet comme manque à sa refente primitive. Dans les deux cas, quelle signification donner à la quête d'identité féminine depuis le temps des « femmes savantes » puisqu'elle anticipe de trois siècles sur le mouvement actuel ?

Ces bouleversements, réaménagements, obligent à une relecture du statut du sujet moderne, de ses référents actuels, si tant est qu'il s'affiche sans transcendance (tiers Autre), jouet dès lors malmené dans une jouissance qui le submerge. Le développement et la poussée à l'universalisation des droits individuels associés à un principe de justice généralisable (equity) représentaient-ils une tentative de reconstitution d'une nouvelle transcendance profane ? A l'inverse, comment envisager le sujet actuel sans le poids de traces inscrites (refoulées, inconscientes et toujours actives) qui l'amènent à répéter ses échecs ? Hier comme aujourd'hui, chercheurs et psychanalystes reçoivent ces tourments et désarrois en partage.