La disparition de Claire est un très grand bouleversement pour tous ceux qui l’ont approchée de près, qui entretenaient avec elle un authentique lien de parole, qui avaient pour elle un profond attachement et respect.
Elle savait incomparablement parler de ce que la douleur d’exister veut dire, du poids parfois tellement insupportable de la vie, comme de l’incommensurable difficulté d’assumer le non rapport dans l’échange avec l’autre sexe, qui la passionnait tant. Elle connaissait la violence des déchirements irréconciliables que la singularité d’un chemin peut imposer à la relation avec autrui et de là d’où elle venait, comme elle le confiait souvent, l’ambiguïté terrible de ne pas avoir d’autre choix que de se fier au signifiant jusque dans l’amour.
Claire était une amie. J’ai conservé les échanges écrits que nous entretenions jusqu’à récemment. Elle représente pour certains d’entre nous, un pan entier de notre jeunesse et de nos premiers pas à l’Association d’abord Freudienne. Son rapport tendu à la vérité comme elle le rappelait souvent, ne faisait pas de son propre parcours un lit de roses. Loin de là. Je me rappellerai toujours son habileté à saisir dans l’instant même, les équivocités du langage, un savoir incomparable pour permettre de renouer ce que la brutalité du monde et parfois des collègues analystes défaisait allègrement.
Nos plus affectueuses pensées se tournent vers ses amis, sa fille Mathilde, son époux et leurs enfants. Devenue à son tour psychanalyste, Mathilde nous a tous impressionnés d’avoir su accompagner de façon aussi admirable ses parents jusqu’à leur fin. Dans la nuance, l’intelligence et la finesse qui la caractérisent.
Gérard Amiel et Marianne Amiel Dal Bo.
Le sept juillet 2025