Journées ALI 9 et 10 octobre 2010

Nos sociétés occidentales sont parvenues à un degré de confort considérable. Pourtant dans ce contexte éminemment favorable, accompagné d’un moindre refoulement sexuel, nous observons une montée des déviances sexuelles de plus en plus nombreuses qui envahissent les tribunaux. Que se passe-t-il ? L’ordre symbolique qui jusqu’à présent avait régi les relations hommes-femmes semble désormais incapable de juguler de telles dérives.

Si caractère délictuel et déviances transgressives se doivent d’être distingués dans notre clinique, il s’agit surtout d’apprécier la dimension structurale du désir humain dans ses formes pathologiques et leur signification. La surenchère des textes pénaux, qui visent les modalités des échanges sexués, semble en contradiction avec la permissivité affichée par notre culture. Toutefois certains aspects des transgressions intra-familiales montrent qu’ils correspondent au déclin du lien social, au sens où sa régulation ne fonctionne plus et où se manifeste la perte de son support symbolique. Le courant individualiste animé par un désir sans barrière, tendant à libérer le désir de sa loi et à provoquer une attente hédonique démesurée, souligne ainsi une perte de repères et de ses limites, a fortiori, lorsque la famille moderne ne se définit plus que comme une association d’individus sans interdiction.

Sous le coup de l’immédiateté (un fait, une loi) la construction de l’arsenal punitif actuel, consécutif à ce déclin du symbolique, ne doit cependant pas faire oublier que cette prise du sexuel dans la loi n’a pas seulement pour vocation de réprimer des excès mais peut faire entendre que sexe et loi ont toujours été indissolublement associés en tant que la loi assure dans le lien social une forme d’humanisation du Réel du non-rapport sexuel et perpétue le témoignage de son enjeu.

C’est aux divers aspects de la relation sexe et loi, aux causes de la mutation à la fois collective et intime qui a lieu et à leurs conséquences respectives que nous souhaitons consacrer ces deux journées.

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